La COP 21 s’ouvre demain.
Depuis quelques mois, de nombreux acteurs et dirigeants politiques, plutôt français et allemands, espèrent qu’un accord contraignant puisse être signé, comme les membres de la COP 17 à DURBAN s’y étaient engagés.
Récemment des industriels et chefs d’entreprise, reprenant une proposition communément admise dans son principe, sans que l’on n’ait idée de sa mise en œuvre au niveau mondial, demandent en cœur que soit fixé un prix au CO2. Des ONG chagrines doutent des raisons qui les motivent et des moyens proposés pour y parvenir : mais est-il temps de finasser ?
Encore plus récemment, certains aimeraient que soit créé un organisme, comparable à l’Organisation Mondiale du Commerce, qui définirait les règles de bonne conduite environnementale et, le cas échéant, sanctionnerait les contrevenants via un tribunal international ad-hoc à définir[1].
Evidemment, toutes ces souhaits, s’ils étaient ou pouvaient être exaucés, iraient dans le sens d’une réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Mais, en pratique, ces propositions ne serviraient à rien car leurs mises en application éventuelles ne pourrait être vérifiées, en tous cas, pas avec les moyens dont nous disposons à ce jour.
Il existe bien sûr de nombreuses institutions comme le Global Carbon Project (ONG) ou l’Agence Internationale de l’Energie (OCDE) qui, chaque année, nous donnent, à la décimale près, la quantité de gaz à effet de serre, ramenée en équivalent carbone, produite dans le monde, pays par pays. On pourrait donc penser que savoir mesurer finement les émissions du CO2 n’est pas un sujet.
Dans son dernier rapport, publié en mars 2015, l’AIE n’annonçait elle pas que le niveau mondial des émissions de CO2 se stabilisait autour de 32,3 milliards de tonnes[2], en particulier grâce à la Chine qui aurait réussi à diminuer sa consommation de charbon de 2%, les chiffres lui ayant été fourni par le Bureau National des Statistiques… chinois ?
Patatras.
Le 5 novembre 2015, ce même institut de statistique annonçait s’être trompé de 17% dans ses estimations de consommation de charbon. La très légère baisse annoncée cachait en fait une forte hausse, sans que l’on n’en connaisse la véritable valeur, l’AIE n’ayant publié aucun nouveau chiffre
A la lumière de cet exemple, comment pourrait-on baser une quelconque politique de diminution des gaz à effet de serre, pays par pays, tant qu’aucun système de calcul, homogène, vérifiable et indépendant, n’ai pu être défini au niveau mondial ?
C’est bien là le véritable enjeu de la COP 21, celui sur lequel un accord doit être trouvé, toutes les autres propositions en découlant.
[1] La Fondation Nicolat Hulot milite pour la création simultanée de l’Organisation Mondiale de l’Environnement et la Cour mondiale de l’environnement – Les Echos – 27 novembre 2015
[2] La Tribune – 16 mars 2015